La musique de "Gainbourg sans la musique?"

Par Mickaël Larieu compositeur électroacoustique, Shoubi des "Shoubi or not" dont vous pouvez retrouver le travail ici... Et compositeur de la BO de la pièce, donc...

Pour la musique de début et de fin du spectacle j'ai repris un des  thèmes de Dvorak extrait de la symphonie du nouveau du nouveau monde (9ième symphonie), popularisé par Gainsbourg dans initials B.B. Voila comme cela la référence à Gainsbourg au niveau musical est expédié sans pour autant citer du Gainsbourg. ET puis j'aime bien son côté "la chanson est un art mineur" mais  il ne pouvait pas s'empêcher de piocher des trucs à la "grande musique"...

En ce qui me concerne je mets la musique populaire au même niveau que la musique dite "savante". Je n'ai aucun complexe vis à vis de la pop, Gainsbourg reste de plus une de mes références principales en tant qu'auteur de chanson. Souvent les arrangements de ses chansons sont formidables, mais il faut garder à l'esprit que ce n'est pas lui qui les réalisait, mais il savait sacrément bien choisir ses collaborateurs. On ne peut pas dissocier le personnage de son œuvre, c'est un des artistes contemporains qui a le plus influencé mon travail.

Ensuite pour les autres parties musicales j'ai tenté de garder une même couleur, électronique et "soyeuse". Nous avons des parties qui sont plutôt des textures sonores, ce sont alors des musiques de facture quasiment électro-acoustiques.

Pour la partie pop rock ("Pop Champ your dog") du milieu de spectacle j'ai pensé aux Stooges, et à un groupe français, plutôt post-rock, que j'aimais beaucoup qui s'appelait Sloy, Ils avaient fait un morceau génial qui s'appelait "pop".  Bien sur les connaisseurs ne trouveront que peu de rapport avec ces deux influences, mais elles étaient présente en moi au moment de la composition.

Pour la partie ou le couple danse, dernier tiers du spectacle, j'ai ressorti une musique que j'avais dans mes cartons et que j'ai retravaillée pour l'occasion. C'est une musique inspirée plutôt par la musique répétitive, mais traitée comme une musique pop, j'ai pensé à Glass, à Michael Nyman aussi (mais je dis souvent qu'ils font de la pop). Une boucle de guitare alternant trois notes sur deux intervalles (majeur-mineur) sur laquelle viennent se greffer d'autres instruments et des mélodies. Le résultat est une ambiance hypnotique, répétitive, onirique et mélancolique.
Je pense que cette partie fonctionne très bien avec ce que nous voyons sur scène, la musique véhiculant sa propre poésie et créant un décalage intéressant. (Mais je pourrais dire ça de toutes les parties musicales du spectacle.)

En effet en tant que compositeur pour une musique de scène (ou de film) je pense que tout en étant au service du spectacle la musique doit pouvoir apporter un décalage, quelque chose de "plus" en tout cas. Par exemple "Amélie Poulain" sans la musique de Yann Tiersen ne sera plus le même film. Un des décalages qui m'avait le plus marqué est le musique de John Murphy pour le film 28 jours plus tard de Danny Boyle, un film de zombies, ou des scènes très gore sont illustrés par des musiques très pop mélancolique...